Les bantoustans étaient des régions situées en Afrique du Sud et en Namibie réservées aux populations noires. Elles jouirent de différents degrés d'autonomie durant la période d'apartheid en Afrique du Sud et durant le mandat sud-africain sur le Sud-Ouest Africain (1948-1994).
En 1970, les bantoustans furent rebaptisés tuisland (en afrikaans) ou homelands (en anglais) par les autorités, les deux termes signifiant « foyers nationaux ».
En 1951, le gouvernement de Daniel François Malan décrète le « Bantu Authorities Act » qui instaure les bantoustans alloués aux différents groupes ethniques d'Afrique du Sud. Au total, ce sont 13 % de la superficie du pays qui sont occupés par ces bantoustans, le reste étant réservé à la population blanche. Les chefs tribaux locaux sont priés de coopérer au bon fonctionnement des bantoustans sous peine d'être déposés.
Le rôle et le pouvoir des bantoustans sont accrus en 1959 avec l'adoption du « Bantu Self-Government Act » qui projette une ségrégation accrue des communautés. Il permet notamment au bantoustans de constituer un gouvernement permettant une large autonomie, voire une quasi indépendance. Ceci est un moyen pour réduire les droits dont bénéficient encore les Noirs en Afrique du Sud.
Le processus de ségrégation est renforcé en 1970 avec le « Black Homelands Citizenship Act » qui enlève la citoyenneté sud-africaine aux ethnies en leur accordant la nationalité de leur bantoustan. Hors de leurs bantoustans, ils sont considérés comme des étrangers immigrés et ne disposent pas de droits civiques. Des personnes qui n'ont ainsi jamais vécu dans les zones tribales ancestrales ou reconnues aux ethnies deviennent des étrangers dans leur propre pays.
Parallèlement à la création des bantoustans, les populations noires sont soumises à un programme de déplacement qui vise à terme à avoir une ethnie par territoire : les Noirs dans leurs bantoustans respectifs et les Blancs dans le reste de l'Afrique du Sud.
Les bantoustans commencent à gagner leur indépendance en 1976 avec le Transkei. Cependant, aucun d'entre eux ne fut jamais reconnu comme tel par les autres pays et par l'ONU. Seuls l'Afrique du Sud et le Sud-Ouest africain reconnaissent ce statut. Les territoires alloués aux bantoustans sont très complexes, les frontières multipliant les enclaves et les détours. Par exemple, l'ambassade sud-africaine au Bophuthatswana dû étre déplacée parce qu'elle se révéla être en réalité située en Afrique du Sud.
Cependant, lors de l'abolition du système, seuls quatre des dix bantoustans étaient déclarés indépendants et certaines ethnies n'avaient encore aucun bantoustan.
Les conditions de vie dans les bantoustans étaient particulièrement rudes : l'extrême pauvreté des populations noires était aggravée par la politique des bantoustans et par le fait que les frontières excluaient les meilleures terres et les industries des bantoustans. Le chômage était très répandu et les seuls vrais revenus provenaient des casinos et des spectacles de striptease, interdits en Afrique du Sud car jugés immoraux.
La pauvreté et le manque de ressources des bantoustans obligeait le gouvernement sud-africain à maintenir à flot l'économie des bantoustans. Ainsi, en 1985, 85 % des revenus du Transkei était consisté par des subventions venant d'Afrique du Sud. Les gouvernements des bantoustans étaient généralement corrompus et très peu d'argent parvenait aux populations les plus pauvres, alors obligés de chercher du travail dans les zones blanches en tant que travailleur immigré.
Les bantoustans furent finalement officiellement dissous le 27 avril 1994, date des premières élections multiraciales d'Afrique du Sud. Ils furent réincorporés au sein des neuf nouvelles provinces de l'Afrique du Sud alors que se confirmait la victoire du Congrès national africain (ou ANC) aux élections.
Source : Wikipedia